Aux origines du Parc du Bournat.
Le Bugue et le Périgord, une passion insolite, et une collection privée.
Vous vous êtes peut-être demandé qui diable avait bien pu avoir l’idée de reconstituer un village tout entier, semblant tout droit venu du début du siècle dernier.
À l’origine du parc, créé il y a plus de 25 ans, il y a un homme étonnant et plusieurs ingrédients : Paul-Jean Souriau, un ingénieur parisien, amoureux du Périgord, épris du Bugue, collectionneur féru, captivé par les années 1900, mais surtout désireux de préserver et de transmettre aux enfants un témoignage de la vie et des savoir-faire d’autrefois.
Mélangez tout cela et vous obtiendrez le Bournat.
Sais-tu à quoi ça sert ?
Voilà une question qui comptait pour le fondateur du Bournat.
Au point de rassembler, toute une vie durant, des objets et outils d’antan et de leur offrir un lieu et une seconde vie.
Curieux et collectionneur dans l’âme, Paul-Jean Souriau amasse tout et rien depuis ses 18 ans, en courant brocantes et salles de vente. Nous sommes dans les années 60 lorsqu’il découvre la Dordogne et la ville du Bugue.
La mécanisation et l’automatisation du travail sont en marche. Dans cette région rurale et encore préservée, il prend conscience de la disparition prochaine des savoir-faire des artisans, et, en bon collectionneur, décide de rassembler un maximum de machines et d’outils anciens témoignant des pratiques, des gestes et secrets d’antan.
Durant des décennies, il va minutieusement compiler, compléter et renseigner chaque objet chiné.
Au fil de ses collectes et de ses rencontres, l’idée lui vient de recréer un ancien village périgourdin abritant les milliers de pièces amassées pour que ces métiers et cette vie ne soient jamais oubliés.
« Chérie, on va reconstituer un village centenaire… »
Un beau matin, il annonce à son épouse qu’il va reconstituer un village illustrant la vie et le travail en 1900. Au boulot…
Le projet du parc en tête, la cadence s’accélère. Il sillonne la Dordogne, rencontre des centaines d’artisans pour comprendre et documenter l’utilité et l’utilisation de ses trouvailles.
Il parcourt jusqu’à 8 000 km par mois pour dénicher outils, vieux métiers, jouets anciens, calèches de collection, machines et engins agricoles, limonaires, meubles, manèges…
Des ateliers entiers sont rachetés (forge, bourrelier, sabotier, cordonnier, dentiste…), mais aussi des charpentes, des vieilles pierres, un moulin à noix, une chapelle, des lavoirs… Seul le moulin, qu’il ne parvient pas à trouver, sera construit à l’identique.
Il réunit ainsi une collection exceptionnelle estimée à 10 000 pièces, mémoire rare et précieuse de cette vie paysanne et artisanale passée.
Voir de près, discuter et toucher
« Son » village mettant en scène 50 ans de collection sera tout sauf un musée.
Il veut un lieu où l’on puisse toucher, parler, s’amuser. Les métiers seront pratiqués par des artisans en chair et en os, il y aura des scènes reconstituant la vie d’avant, des manèges et tout ce que l’on trouvait dans le milieu rural de nos aïeux : l’école, la mairie, la chapelle, le moulin, la ferme, le four à pain…
L’ambiance se veut vivante, animée, accueillante et familiale.
Tout le monde doit s’y sentir bien : enfants, parents, et bien sûr les grands-parents, qui, espère-t-il, partageront même leurs souvenirs. Reste la question du terrain.
Au Bugue qu’il affectionne et adopta à la première visite, le lieu-dit « Le Bournat », qui signifie la ruche en patois local, se prête parfaitement au projet. Il se situe en bordure de Vézère et au cœur des axes du tourisme en Périgord : Périgueux-Sarlat, Brantôme-Bergerac, Lascaux, Les Eyzies…
Un travail de Titan
1 000 tonnes de pierres, 20 tonnes de lauzes (pierres de la région), 60 000 tuiles plates, 14 000 tuiles canal sont acheminées. Des murs aux toits tout est reconstitué selon le savoir-faire ancestral pour donner le jour à un village typique périgourdin.
Les artisans auxquels il fait appel sont tous de la région, voire même du Bugue, et capables de respecter les traditions architecturales sous la houlette de l’architecte en charge du projet.
Après deux ans de travaux, ce lieu atypique et inclassable voit le jour en juillet 1992. Paul-Jean Souriau a 71 ans. Le succès est immédiat. Durant des années, il continuera d’arpenter les brocantes, enrichissant en permanence la collection.