Le Terroir

Traditions du Périgord : 10 coutumes étonnantes

Troupe folklorique
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Terre rustique et authentique, notre Périgord conserve des traditions bien ancrées et qui font le charme de cette aire géographique aux 4 couleurs.

Au cours de votre séjour en Dordogne-Périgord, vous vous demanderez sans doute ce que peuvent bien signifier :

  • les perches ornées du drapeau français dans certains jardins ? 
  • les ciels de guirlandes de papier coloré dans certains villages ? 
  • ou encore faire chabrol ?

Parce que vous serez, sans nul doute, intrigués ou  amusés par ces vieilles coutumes, nous vous aidons à décoder les traditions du Périgord qui ont résisté, pour mieux les savourer.

Danses folkloriques oies

1 / Faire Chabrol ou Chabrot : la soupe au vin


Voilà une tradition qui a la vie dure dans nos campagnes périgourdines. Si on vous propose de “
faire chabròl” ou “chabrot’”, il vous faudra finir votre assiette de soupe additionnée de vin rouge. Et attention, ce breuvage violacé s’avale à grandes goulées et bruyamment, sans chipoter ! 

Pratiquée au XIXe siècle et dans toutes les classes sociales, cette vieille pratique du Périgord était réservée aux hommes. Les femmes venant d’accoucher et durant l’allaitement faisaient exception. Les adolescents étaient, eux, initiés au chabrot comme un rite de passage vers leur vie d’homme. 

Et on ne rigole pas avec le chabrol dans le département de la Dordogne. L’Académie du chabrol, sorte d’Académie française de la soupe, honore la tradition avec le plus grand soin. La soupe est ainsi préparée par le “grand maître”. 

Si elle fait l’unanimité dans nos contrées, ses origines partagent. Cela viendrait de « Fa chabrou » signifiant « boire comme une chèvre » ou des chevreaux qui aiment le vin (?!), ou ce serait un clin d’œil aux moustaches des hommes trempant dans la soupe comme celles des chèvres dans le lait.

La légende veut aussi qu’un certain Michel de Montaigne de retour en terre périgordine ait propagé le rituel d’un certain Père Chabrol : “je fais comme Chabrol” disait-il, paraît-il.

Comment faire chabrol ? 

  • Lorsqu’il reste un fond de bouillon dans votre assiette creuse, ajoutez 1 demi-verre de vin de pays, simple, monocépage.
  • Un repère : retournez la cuillère dans votre assiette, recouvrez-la, à ras, de vin. 
  • Attendez quelques instants que le vin se réchauffe au contact de votre auge encore chaude et qu’il libère ses arômes.
  • Buvez, prestement et bruyamment.
  • Vous voilà revigoré !

Soupe de fèves, soupe à l’oignon… nous vous laissons juger de la meilleure soupe pour chabrot. N’oubliez pas “Chabrol quotidien éloigne le médecin” ! 

Faire chabrol vu par l’ina. De superbes images d’archives qui vous mettront dans l’ambiance et en appétit.

*l’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération

2 / La Félibrée : the place-to-be


Cette
grande fête occitane est attendue de pied ferme des locaux comme des touristes. 

Inspirée du “Félibrige” dans le Sud-Est de la France, ce rendez-vous traditionnel et hautement festif, célèbre depuis 1903, la culture et langue d’Oc

Chants, danses folkloriques, traditions paysannes, costumes anciens et savoir-faire périgordins revivent durant quatre jours, rappelant au passage les troubadours occitans qui divertissaient les riches cours d’Europe. 

Sans oublier la “Taulada”, repas géant réunissant des milliers de convives. On y mange des plats rustiques d’autrefois, on s’encanaille et on fait chabrol, une autre pratique emblématique de la région que vous connaissez maintenant.

Organisée par l’association « Lo Bornat dau Périgord« , la felibrejada en occitan, s’empare chaque année d’un village ou d’une ville différente du Périgord. On reconnaît aisément le lieu des festivités aux guirlandes artisanales de fleurs en papier, aux drapeaux et à la croix occitane, confectionnés par les habitants durant l’hiver. 

Sans doute le plus populaire de la Dordogne, cet événement est “the-place-to-be” dans le Périgord tout début juillet.

Félibrée de Périgueux 2019

 

3 / L’Arbre de mai : plus qu’un poteau décoré


Encore une coutume vivace dans nos contrées, celle de l’
Arbre de mai qui persiste tout en ayant un peu évolué.

À l’origine, ces arbres étaient plantés au mois de mai pour célébrer le printemps et la fécondité, selon le culte antique de la déesse de la nature Maïa. Cet arbre de vie sera synonyme, au fil de l’histoire, de révolte, de liberté puis récemment de célébration des nouveaux élus et des patrons.

La maïade est très présente dans le Sud-Ouest de la France et particulièrement en Dordogne, aux lendemains des élections municipales notamment. 

Marquant le début du mandat, le mât est installé dans le jardin de l’élu à son insu. Celui-ci remercie en retour ses admirateurs d’un apéritif avec les toasts, le moelleux et les victuailles de rigueur. 

Plus qu’un vulgaire poteau, c’est un jeune arbre coupé pour l’occasion, fièrement dressé et embelli de fleurs en papier crépon, rubans, couronnes, drapeaux tricolores et messages d’honneur tels que « À notre élu” ou encore “À notre patron”. Comme il peut se dresser devant toute maison ayant quelque chose à fêter. N’hésitez pas !

4 / Le marché au gras : une tradition calorique


Le gras est une tradition à lui tout seul dans le Périgord. Il est célébré toute l’année dans les assiettes et particulièrement à l’arrivée du froid lors des
marchés au gras. Pourquoi à cette saison ? Car autrefois, le gavage avait lieu l’hiver et aussi parce que la viande était plus facile à conserver. Il n’y avait pas de réfrigérateur, rappelez-vous. 

Les foires grasses abondent dans toute la région : Sarlat-la-Canéda, Périgueux et des tout petits villages aussi. Les meilleurs producteurs de foie-gras, médaillés parfois, y exhibent tout ce que la Dordogne compte de plus appétissant : foies gras de canard ou d’oie, foie gras entier, foie gras frais ou mi-cuit, gésiers, magret de canard, magrets fourrés au foie gras, cous farcis, terrine de foie, pâté de foie, rillettes, volaille entière de choix, confits de canards… 

Des produits de découpe, en semi-conserve ou en conserve, pour faire chavirer vos papilles et cajoler vos estomacs. L’occasion aussi de glaner les secrets de préparations des locaux pour parfaire vos cuissons.

C’est aussi un lieu de rencontres, d’échanges et de dégustation. Les démonstrations culinaires vont bon train. Les produits du terroir (truffes, noix …) les plus savoureux s’invitent à la fête, tout comme des confréries gastronomiques parfois (truffe, noix, châtaigne…).

Au fait, pourquoi le Périgord est-il le pays du gras ? 

« Le gras, c’est la vie » pourrait être l’emblème de la Dordogne-Périgord ! Région des palmipèdes par excellence, leur graisse omniprésente dans la gastronomie périgourdine permettait de conserver les produits durant les mois d’hiver et jusqu’aux premières chaleurs printanières.

Succulente, la matière grasse d’oie ou de canard est aussi bonne pour la santé. Chargée en acides gras monoinsaturés, c’est du bon gras. Miam.

Les oies du Bournat

5 / Le 1er Mai : le jour de l’omelette


Chaque année, la nuit du 30 avril au 1
er mai, les jeunes villageois battaient la campagne à la recherche… d’œufs.

Dès la nuit tombée, ils allaient de ferme en ferme où ils donnaient des aubades. Après quelques couplets en occitan, ils repartaient avec quelques œufs.  

Cette collecte était l’occasion de faire une bonne ripaille, mais aussi d’apercevoir et d’approcher les demoiselles… 

Ne soyez donc pas tout à fait étonné si on vous propose une chasse aux œufs le 1er mai.

6 / Le mariage : jonchée, tourin et planté de pin

Trois spécificités régionales caractérisaient tout bon mariage périgourdin. 

  • Une jonchée de fleurs et de feuilles reliait la maison du fiancé à celle de sa douce, puis marquait le chemin jusqu’à l’église.

Certaines plantes étaient interdites par superstition, comme le lierre et la bruyère. Les farceurs ou les envieux glissaient des messages dans la jonchée, la veille du mariage : des végétaux à la forme phallique pour insinuer que les futurs époux avaient déjà consommé le mariage ou une plume pour souligner la paresse du marié.

Il n’est pas rare de croiser ces parterres de végétaux en terre périgourdine de nos jours.

  • Symboles de chance et de fertilité, des piniers étaient plantés quelques jours avant le mariage par les voisins, amis et membres de la famille des futurs mariés. Ces jeunes pins prenaient place à des endroits symboliques comme la demeure des parents des mariés, l’église ou la mairie. 
  • Enfin, le fameux tourin était traditionnellement porté aux mariés lors de leur nuit de noce. Ceux-ci avaient pour habitude de se cacher, charge aux proches de les retrouver et de les requinquer avec une bonne rasade de cette soupe régionale. 

Constituée d’ail ou d’oignons, d’un peu de farine et de pain, elle est déclinée en plusieurs recettes. Le tourin blanchi à l’ail étant la plus connue. Voici la recette de Julie Andrieu, visiteuse heureuse du Parc du Bournat… 

Pas un mariage périgordin et aucune fête bien arrosée n’échappent à ce breuvage. 

Chapelle Bournat

7 / La Fête du monsieur : cochon pendu


Ne vous trompez pas, si vous êtes invité à la fête du monsieur, ce n’est pas un enterrement de vie de garçon, c’est un “
tue-cochon”. 

Autrement dit et comme le nom de cette coutume populaire l’indique, une fête pour célébrer l’abattage et la transformation d’un porc bien charnu en pâté, saucisses, lard ou andouillette et ce directement chez l’habitant. 

Toute la maisonnée s’y met, aidée des amis et voisins venus prêter main-forte et festoyer. Tous se régalent du jimboura, soupe traditionnelle préparée dans l’eau de cuisson du boudin, typique de la cérémonie. 

Traditionnellement à la sortie de l’hiver, cette pratique ancestrale honorait avec respect le ”monsieur”, le cochon offrant de la viande et des produits de charcuterie, toute l’année aux membres du foyer. 

Maintenant réglementé, ce rituel perdure dans les campagnes du département.

8 / L’omelette du curé : omelette XXL


Le curé ne recevait pas toujours de l’argent. Les fidèles lui confiaient des œufs et d’autres denrées qu’il s’empressait de marier, pour donner vie à une
gouteuse omelette : l’omelette du curé.

Au pays des gourmands qu’est le Périgord, cette copieuse omelette à partager fait encore légion. Chaque famille à sa recette et crée des chefs-d’œuvre d’onctuosité : truffe, cèpe, foie gras… Chaque gourmet y va de son assaisonnement et de ses petits ingrédients, produits régionaux en tête.

Des plus simples aux plus généreuses (cèpes, ris de veau, rognons en sauce, foie gras et truffe noire par exemple), elle est toujours très prisée des ripailleurs périgourdins.

Une tradition pleine de saveur à vite adopter !

9 / Se canto : le tube à connaître


Tous les périgourdins connaissent ce
chant fédérateur. Et pas une troisième mi-temps de rugby ne lui résiste.

Son origine n’est pas attestée. L’hymne occitan viendrait de Gaston III, seigneur féodal de Gascogne et du Languedoc, figure mythique du Béarn, troubadour et poète à ses heures.

“Se canto” illustre le thème favori des troubadours médiévaux : une relation amoureuse impossible. Certains y voient une signification cachée, plus politique. Nul ne connaît non plus la version originelle. L’œuvre ayant traversé les siècles de manière orale, elle a pu être adaptée à foison. 

Ce dont on est sûr, c’est que cette chanson est, depuis un siècle, considérée comme l’hymne de l’Occitanie. Aujourd’hui encore incontournable, elle rassemble et montre l’attachement au territoire et à ses racines.

Si vous voulez apprendre “Se canto”, c’est par ici. Émotion garantie.

10 / Le rugby : une vraie religion


Comme tradition, on ne pense pas toujours au sport. Et pourtant, le
rugby en est une dans la région, depuis la fin du XIXe siècle. Mais pourquoi le rugby a-t-il autant de succès dans le Sud-Ouest ?

Sa pratique a été diffusée par les Anglais, par le port de Bordeaux notamment. Jusque-là c’est sûr, mais ça ne suffit pas, quand on sait que le 1er club de rugby a ouvert ses portes au Havre et que l’engouement n’a pas suivi.

Les avis divergent sur les raisons du succès du ballon ovale dans la région : présence des Anglais, pratique de la soule, climat doux, valorisation de la puissance physique… 

Une influence avérée est celle du Stade bordelais, devenu Champion de France en 1899 et qui connaîtra des résultats exceptionnels jusqu’en 1911. La création du club de rugby a sans doute été encouragée par la colonie britannique, conjuguée à la valorisation des activités physiques et collectives dans les établissements scolaires à cette époque.

Bordeaux devient le bastion du rugby français. Son aura suscite des vocations dans les départements voisins, où les clubs d’entraînement poussent comme des petits pains. C’est le cas du Bugue athletic club, fondé en 1902 et toujours aussi fringuant.

Le week-end dans le Périgord, c’est rugby, arrosé ou non.

RCB

 

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Bonus : La souche de nadal : la bûche dispersée dans la maison

Point de bûche de Noël sur la table en 1900 dans le Périgord. 

On allumait la bûche de Noël dans la cheminée avant de partir à la messe. Les cendres de cette grosse pièce de bois choisie avec soin, étaient répandues dans toute la ferme, pour éloigner la maladie du foyer. Une tradition qui s’est perdue, mais qui peut-être reviendra…  

Point non plus de sapin de Noël décoré. Les plus chanceux dans les milieux paysans, dressaient un genévrier décoré de quelques rubans. 

Et encore moins de déluge de cadeaux. Une orange ou quelques pralines étaient déposées dans les sabots des enfants par le “petit Jésus”. Le Père Noël n’arrivera dans les campagnes qu’au milieu du XXe siècle… Patience.

 

 

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